Écrit par : Samael Aun Weor Catégorie : Fondamentaux de l’Éducation Gnostique
À l’exception des personnes totalement invalides, tout être humain doit servir à quelque chose dans la vie, le plus difficile c’est précisément de découvrir à quoi chaque individu doit servir.
S’il y a une chose vraiment importante dans ce monde, c’est de nous connaître nous-mêmes. Rare est celui qui se connaît lui-même et, bien que cela semble incroyable, il est difficile de rencontrer dans la vie une personne qui ait développé le sens vocationnel.
Lorsque quelqu’un est pleinement convaincu du rôle qu’il doit tenir dans l’existence, il fait alors de sa vocation un apostolat, une religion, et se convertit par le fait même et de plein droit en un apôtre de l’humanité.
Celui qui connaît sa vocation ou parvient à la découvrir par ses propres efforts, passe alors par un formidable changement, il ne cherche plus le succès ; l’argent, la renommée, la gratitude ne l’intéressent plus ; son plaisir se trouve à ce moment-là dans le bonheur que lui procure le fait d’avoir répondu à un appel intime, profond, inconnu, émanant de sa propre Essence intérieure.
Le plus intéressant de tout cela c’est que le sens vocationnel n’a rien à voir avec le Moi car, bien que cela paraisse étrange, le Moi abhorre notre propre vocation, le Moi ne désirant, ne convoitant que les substantielles entrées d’argent, la position sociale, la renommée, etc.
Le sens de la vocation est quelque chose qui appartient à notre propre Essence intérieure ; c’est quelque chose de très interne, très profond, très intime.
Le sens vocationnel amène l’homme à se lancer, avec une grande résolution et un véritable désintéressement, dans les entreprises les plus ardues, au prix de toutes sortes de souffrances, sans se soucier du calvaire qu’il doit endurer. Il est par conséquent tout à fait normal que le Moi abhorre la véritable vocation.
Le sens de la vocation nous conduit, en fait, sur le sentier de l’héroïsme le plus légitime, et nous permet de supporter stoïquement toutes sortes d’infamies, de trahisons et de calomnies.
Le jour où un homme peut affirmer, en toute vérité : « Je sais qui je suis et quelle est ma véritable vocation », il commence dès cet instant à vivre avec amour et droiture. Un tel homme vit dans son œuvre, et son œuvre vit en lui.
Ils sont réellement le petit nombre les hommes qui peuvent parler ainsi, avec une véritable sincérité de cœur. Ceux qui parlent ainsi sont la fine fleur de l’humanité, des élus qui ont à un degré superlatif le sens de leur vocation.
Découvrir notre véritable vocation est sans aucun doute le problème social le plus grave, le problème qui se trouve à la base même de tous les problèmes de la société.
Découvrir notre vraie vocation individuelle équivaut en fait à découvrir un trésor extrêmement précieux.
Lorsqu’un homme, un citoyen, trouve, en toute certitude et hors de tout doute, sa véritable et légitime fonction, il devient par le fait même irremplaçable.
Lorsque notre vocation correspond totalement et de façon absolue à la fonction, au poste que nous sommes en train d’occuper dans la vie, nous exerçons alors notre travail comme un véritable apostolat, sans aucune convoitise et sans désir de pouvoir.
Au lieu d’engendrer convoitise, lassitude ou désir de changer d’occupation, notre travail est la source pour nous d’un bonheur véritable, profond, intime, même si nous devons endurer patiemment les souffrances d’une douloureuse Via Crucis.
Dans la vie pratique, nous avons pu constater que lorsqu’un individu occupe un poste qui ne correspond pas à sa vocation, il ne pense alors qu’en fonction du plus.
Le mécanisme du Moi, c’est le plus : plus d’argent, plus de renommée, plus de projets, et, comme c’est tout naturel, le sujet habituellement devient hypocrite, exploiteur, cruel, impitoyable, intransigeant.
Si nous étudions attentivement la bureaucratie, nous pourrons vérifier qu’il est très rare que le poste occupé corresponde à la vocation individuelle.
Si nous étudions de façon minutieuse les corporations du prolétariat, nous pourrons nous rendre à l’évidence que la fonction ne correspond que très rarement à la vocation individuelle.
Lorsque nous observons soigneusement les classes privilégiées, qu’elles soient de l’Est ou de l’Ouest du monde, nous pouvons nous rendre à l’évidence que le sens vocationnel y est totalement absent. Ceux qui étaient appelés les « enfants bien », font à présent des attaques à main armée, violent des femmes sans défense, etc., pour tuer l’ennui. N’ayant pu trouver leur place dans la vie, ils errent désorientés et se transforment en « Rebelles sans cause », pour changer un peu de la routine.
À notre époque de crise mondiale, l’humanité se trouve dans un état chaotique épouvantable.
Personne n’est content de son travail car le poste occupé ne correspond pas à la vocation, les gens remplissent une foule de demandes d’emploi car personne n’a envie de mourir de faim, mais les demandes ne correspondent pas à la vocation de ceux qui les font.
Beaucoup de chauffeurs devraient être médecins ou ingénieurs. Beaucoup d’avocats devraient être ministres, et beaucoup de ministres, tailleurs. Plusieurs cireurs de chaussures devraient être ministres, et plusieurs ministres cireurs de chaussures, etc.
Les gens ont des postes qui ne leur correspondent pas, qui n’ont rien à voir avec leur véritable vocation individuelle, et à cause de cela, la machine sociale fonctionne très mal. C’est comme un moteur qui serait construit avec des pièces qui ne lui correspondent pas : le résultat inévitable de cette situation absurde, c’est le désastre, l’échec, le dérèglement.
Dans la pratique, nous avons pu constater jusqu’à satiété que lorsqu’une personne n’a pas de disposition vocationnelle pour être guide, instructeur religieux, leader politique ou directeur de quelque association spirituelle, scientifique, littéraire, philanthropique, etc., elle ne pense alors qu’en fonction du plus et commence alors à faire des projets, toujours plus de projets, avec des intentions secrètes inavouables.
Cela va de soi lorsque le poste ne correspond pas à la vocation individuelle, le résultat c’est l’exploitation.
Dans cette époque terriblement matérialiste où nous vivons, la fonction de maître est très souvent arbitrairement remplie par des marchands qui n’ont pas le moindrement la vocation pour le Magistère. Le résultat d’une telle infamie, c’est l’exploitation, la cruauté et le manque de véritable amour.
Beaucoup de gens exercent la profession de maître dans le but exclusif d’obtenir de l’argent pour payer leurs études dans les facultés de médecine, droit ou génie, ou pour la simple raison qu’ils ne trouvent rien d’autre à faire. Les victimes d’une telle fraude intellectuelle, ce sont les élèves.
Le véritable maître par vocation est de nos jours très difficile à trouver et il constitue la meilleure chose qui puisse arriver aux étudiants des écoles, collèges et universités.
La vocation du maître est admirablement traduite dans cet émouvant morceau en prose de Gabrielle Mistral, intitulé la Prière de la maîtresse d’école. La maîtresse de province dit, s’adressant à l’Être divin, au Maître secret :
« Accordez-moi d’aimer seulement mon école : que la brûlure de la beauté ne soit pas capable de me ravir ma tendresse de tous les instants. Mon Maître, que ma ferveur soit perdurable et ma déception passagère. Arrachez de moi cet impur désir de justice mal comprise qui me trouble encore, ainsi que la mesquine protestation qui s’insinue et monte en moi lorsqu’on me blesse ; que l’incompréhension ne me fasse pas souffrir ni ne m’attriste l’oubli de ceux à qui j’ai enseigné. »
« Accordez-moi d’être plus mère que les mères, pour pouvoir aimer et défendre comme elles ceux qui ne sont pas chair de ma chair. Donnez-moi la capacité de faire de l’une de mes élèves ma strophe la plus parfaite et d’enclaver en elle ma mélodie la plus pénétrante, pour quand mes lèvres ne chanteront plus. »
« Montrez-moi comment réaliser votre Évangile en cette époque où je vis, afin que je ne renonce pas à la bataille qu’à chaque jour et à chaque heure je dois livrer pour lui. »
Qui peut mesurer l’influence psychique merveilleuse d’un professeur inspiré avec tant de tendresse par le sens de sa vocation ?
L’individu en vient à sa vocation par l’une de ces trois voies : l’autodécouverte d’une capacité spéciale, la vision d’une nécessité urgente, la sage direction, très rare en vérité, des parents et des maîtres qui ont découvert la vocation de l’enfant ou de l’élève grâce à l’observation de ses aptitudes.
Beaucoup d’individus ont découvert leur vocation à un certain moment critique de leur vie, face à une situation sérieuse qui réclamait un remède immédiat.
Gandhi était un avocat quelconque lorsque, à l’occasion d’un attentat contre les droits de la communauté hindoue en Afrique du Sud où il était installé, il fit annuler son billet de retour en Inde et resta pour défendre les droits de ses compatriotes. Une nécessité momentanée l’achemina vers la vocation de toute sa vie.
Les grands bienfaiteurs de l’humanité ont découvert leur vocation au moment d’une situation de crise qui réclamait une solution immédiate. Rappelons-nous Oliver Cromwell, le père du libéralisme anglais ; Benito Juarez, l’artisan de la république du Mexique ; José de San Martin et Simon Bolivar, pères de l’indépendance sud-américaine.
Jésus, Bouddha, Mahomet, Hermès, Zoroastre, Confucius, Fo-Hi, etc., furent des hommes qui, à un certain moment de l’histoire, ont su comprendre leur véritable vocation et se sont sentis appelés par la voix intérieure qui émane de l’Intime.
L’Éducation Fondamentale est appelée à découvrir par différentes méthodes la capacité latente des étudiants. Les méthodes anachroniques que la pédagogie utilise de nos jours pour découvrir la vocation des élèves sont sans aucun doute cruelles, absurdes et impitoyables.
Les questionnaires pour déterminer la vocation ont été élaborés par des marchands qui occupent arbitrairement le poste de maîtres.
Dans certains pays, avant qu’ils puissent entreprendre des cours préparatoires pour leur vocation, les étudiants sont soumis aux pires cruautés psychologiques, on leur pose des questions sur les mathématiques, la biologie, l’histoire, etc.
La méthode la plus cruelle est constituée par les fameux tests psychologiques qui déterminent le quotient intellectuel (Q.I.) des étudiants en fonction de leur rapidité mentale.
Selon le type de réponse qu’il a faite, selon la façon dont il s’est qualifié, l’étudiant est alors embouteillé dans l’un des trois baccalauréats dispensés :
D’abord : Physique-Mathématiques
Ensuite : Sciences Biologiques
Enfin : Sciences Sociales.
- De la branche de Physique-Mathématiques sortent des ingénieurs, des architectes, des astronomes, des aviateurs, etc.
- Des Sciences-Biologiques sortent des médecins, des pharmaciens, des infirmières, des biologistes, etc.
- Des Sciences Sociales sortent des avocats, des écrivains, des docteurs en philosophie et en lettres, des directeurs d’imprimerie, etc.
Le plan d’étude est différent dans chaque pays et il va de soi que ce n’est pas dans tous les pays que l’on offre trois baccalauréats distincts. Dans plusieurs pays il n’existe qu’un seul baccalauréat et une fois celui-ci terminé, l’étudiant passe à l’université.
Dans certains pays, on ne prend même pas la peine d’examiner la capacité vocationnelle de l’étudiant et celui-ci entre à l’université, désirant uniquement avoir une profession pour gagner sa vie, même si cette profession ne coïncide pas avec ses tendances innées, avec son sens vocationnel.
Il y a des pays où l’on examine la capacité vocationnelle des étudiants et il y a des nations où l’on ne l’examine pas. Il est absurde de ne pas savoir orienter les étudiants selon leur vocation, de ne pas examiner leurs capacités et tendances innées.
Mais les questionnaires vocationnels eux-mêmes, et toute cette pléthore de tests psychologiques, d’examens destinés à déterminer le Q.I., sont tout à fait stupides.
Ces méthodes d’étude de la vocation ne sont d’aucune utilité parce que le mental a ses moments de crise, et si l’examen se déroule à l’un de ces moments, le résultat c’est l’échec et la mauvaise orientation de l’étudiant.
Les maîtres ont pu constater que l’esprit des élèves a, comme la mer, ses hautes et basses marées, ses plus et ses moins. On sait que les glandes masculines et féminines sont soumises à un biorythme ; il y a aussi un biorythme pour le mental.
À certains moments précis, les glandes masculines se trouvent dans leur plus, et les glandes féminines dans leur moins, ou vice-versa. Le mental a aussi son plus et son moins, ses hauts et ses bas.
Celui qui veut connaître la science des biorythmes pourra étudier le fameux ouvrage intitulé Biorythme écrit par l’éminent savant gnostique rose-croix, le Docteur Arnold Krumm Heller, médecin-colonel de l’armée mexicaine et professeur à la faculté de médecine de Berlin.
Nous affirmons avec insistance qu’une crise émotionnelle ou un état de grande nervosité psychique devant la perspective d’un examen difficile, peut conduire l’étudiant à l’échec : il sera incapable de répondre de façon adéquate au questionnaire qui décidera de son orientation future.
Nous affirmons qu’un abus quelconque du centre du mouvement, produit peut-être par une activité sportive, par une marche trop longue ou par un travail physique ardu, peut engendrer une crise intellectuelle même lorsque le mental se trouve dans son plus et ainsi conduire l’étudiant à l’échec, lors d’un examen prévocationnel.
Nous affirmons qu’une crise sexuelle quelconque, une syncope de sexualité réprimée, un abus sexuel, etc., peut exercer une influence désastreuse sur le mental et le mener à l’échec lors d’un examen destiné à préciser la vocation.
Nous affirmons qu’une crise quelconque en relation avec le centre instinctif et avec peut-être le plaisir sexuel ou le centre émotionnel, peut mener l’étudiant à l’échec lors d’un examen crucial pour préciser sa vocation.
L’Éducation Fondamentale enseigne que les germes vocationnels se trouvent déposés non seulement dans le centre intellectuel mais aussi dans chacun des quatre autres centres de la psychophysiologie de la machine organique.
Il est indispensable de tenir compte des cinq centres psychiques appelés centres intellectuel, émotionnel, du mouvement, instinctif et sexuel. Il est absurde de penser que l’intellect est le seul centre de cognition. Si l’on examine le centre intellectuel exclusivement, dans le but de découvrir les aptitudes vocationnelles d’un individu déterminé, en plus de commettre une grave injustice qui s’avère en fait très préjudiciable pour le sujet considéré et pour la société, on commet une faute parce que les germes de la vocation ne sont pas contenus uniquement dans le centre intellectuel mais aussi dans chacun des quatre autres centres psychophysiologiques de l’individu.
Le seul et unique chemin sûr pour découvrir la véritable vocation des élèves, c’est celui de l’Amour véritable.
Si les parents et les maîtres d’un commun accord s’associaient pour investiguer au foyer et à l’école, pour observer minutieusement tous les faits et gestes des enfants et des jeunes, ils pourraient découvrir les tendances innées de chacun.
Voilà le seul chemin sûr qui permettra aux parents et professeurs de découvrir le sens vocationnel des étudiants.
Ceci exige un Amour véritable de la part des parents et des maîtres et il est évident que s’il n’y a pas de véritable amour de la part des parents et des authentiques maîtres par vocation, capables de se sacrifier vraiment pour leurs élèves, une telle entreprise s’avère alors impraticable.
Si les gouvernements veulent vraiment sauver la société, il leur faut expulser les marchands du temple avec le fouet de la volonté.
Une nouvelle époque culturelle doit commencer et il nous faut pour cela répandre partout la doctrine de l’Éducation Fondamentale.
Les étudiants doivent défendre valeureusement leurs droits et exiger des gouvernements d’avoir de véritables maîtres par vocation. Il y a heureusement l’arme formidable des grèves, et les étudiants peuvent utiliser cette arme, pour appuyer leurs revendications.
Dans certains pays il existe à l’intérieur des écoles, collèges et universités, des orienteurs qui, réellement, ne sont pas là par vocation ; le poste qu’ils occupent ne coïncide pas avec leurs tendances innées. Ces personnes ne peuvent en orienter d’autres parce qu’elles-mêmes n’ont pas su s’orienter adéquatement.
On a besoin de toute urgence de véritables maîtres et orienteurs par vocation, capables d’orienter intelligemment les élèves.
Il est nécessaire de savoir qu’à cause de la pluralité du Moi l’être humain joue automatiquement divers rôles dans le théâtre de la vie. Les garçons et les filles jouent un rôle à l’école, un autre sur la rue, un autre au foyer.
Si l’on veut découvrir la vocation d’un jeune homme ou d’une jeune fille, il faut les observer à l’école, au foyer et même dans la rue.
Ce travail d’observation ne peut être réalisé que par les parents et les maîtres véritables agissant de concert.
Dans la vieille pédagogie, il y a aussi le système d’observer les notes pour en déduire la vocation. L’élève qui s’est distingué en civisme par la note la plus haute est alors classé comme avocat possible, et celui qui s’est distingué en biologie est défini comme un médecin en puissance, et celui qui a obtenu de bonnes notes en mathématiques est aussitôt vu comme un possible ingénieur, etc.
Ce système absurde pour déduire les vocations est trop empirique, car le mental a ses hauts et ses bas, non seulement de la façon globale que l’on connaît déjà mais aussi, plus spécialement, dans certains états particuliers.
Beaucoup d’écrivains qui furent à l’école de mauvais étudiants en grammaire, se sont révélés dans la vie comme de véritables maîtres du langage. Beaucoup d’ingénieurs remarquables ont toujours eu à l’école de mauvaises notes en mathématiques, et une foule de médecins ont été recalés à l’école, en biologie et en sciences naturelles.
Il est lamentable que beaucoup de parents, au lieu d’étudier les aptitudes de leurs enfants, ne voient en eux que la continuation de leur cher Ego, leur Je psychologique, leur Moi-même.
Beaucoup de pères avocats veulent que leurs fils poursuivent dans le barreau, et beaucoup de propriétaires de commerces veulent que leurs enfants continuent à diriger leurs intérêts égoïstes sans s’intéresser le moindrement au sens vocationnel de ces enfants.
Le Moi veut toujours monter, grimper au sommet de l’échelle, faire sentir sa présence, et lorsque ses ambitions échouent, il veut alors obtenir, par l’intermédiaire de ses enfants ce qu’il n’a pas réussi à atteindre par lui-même. Ces parents ambitieux mettent leurs garçons et filles dans des carrières et des postes qui n’ont rien à voir avec le sens vocationnel de ces jeunes.
Ce chapitre est extrait de Fondamentaux de l’Éducation Gnostique (1970) de Samael Aun Weor.