Écrit par : Samael Aun Weor Catégorie : Le Mystère de la Fleur d’Or
Le savant Waldemar dit textuellement : « Un contemporain de Brognoli, le prêtre Coleti, nous parle d’une femme de sa paroisse qui est accourue à lui avec son mari. »
« Elle était dévote et de bonnes mœurs, mais, depuis dix ans, elle était harcelée par un esprit qui, le jour comme la nuit, lui suggérait l’illicite, et tant qu’elle ne dormait pas, il se comportait avec elle comme un incube, car ce qu’elle devait supporter n’était aucunement un rêve.
Mais il ne réussit pas à obtenir son consentement, elle demeurant inébranlable. Ainsi, l’exorciste n’eut qu’à prononcer le “Praeceptum leviticum” contre le Démon, et dès lors elle se vit libérée de lui. »
« Dans ce cas, dit Waldemar, nous voyons que lorsque la conscience obsédée en est au point où elle imagine comme subterfuge le viol par le Démon, ou bien presque une prise de possession contre sa volonté, on peut dépasser l’état grâce au processus d’une expulsion de l’esprit lascif par les forces morales non encore tyrannisées. »
« Mais si l’incube (le Moi lascif), l’image luxurieuse créée par sa propre fantaisie, s’affirme sans opposition jusqu’à la fin, l’individu lui-même, converti en incube, exécute, scindé en deux êtres, une autocopulation. Dans ce cas, l’obsession aboutit en général à la démence totale. »
« C’est ainsi que Brognoli a vainement essayé, au printemps de 1643, de libérer d’un incube une jeune fille de vingt ans. »
« J’allais chez elle, dit-il, avec son confesseur ; à peine étions-nous entrés que le Démon, qui s’était livré à sa tâche, s’enfuit. Je parlais alors avec la jeune fille et elle me raconta dans le menu détail ce que faisait le Démon avec sa personne. »
« De son récit, je ne tardais pas à comprendre que, bien qu’elle le niât, elle avait toutefois donné son consentement indirect au Démon. Car lorsqu’elle remarquait son approche par la dilatation et le vif chatouillement des parties concernées, elle ne cherchait pas refuge dans la prière, n’invoquait pas Dieu ni la Sainte Vierge à son aide, ni l’Ange-Gardien, mais elle courait plutôt à sa chambre et s’étendait sur son lit afin que le Malin pût exécuter sa tâche plus à son aise et plus agréablement. »
« Lorsque pour conclure, j’essayais d’éveiller en elle une ferme confiance en Dieu pour qu’elle se libère, elle demeura indifférente et sans écho ; je remarquais une très nette résistance, comme si elle ne voulait pas être libérée. »
« Je la laissais donc, non sans avoir donné auparavant quelques prescriptions à ses parents sur la discipline et la répression du corps de leur fille au moyen de jeûnes et d’ablutions. »
« Mais les femmes n’étaient pas les seules à être ainsi visitées, dit le savant Waldemar. Brognoli fut conduit à Bergame chez un jeune commerçant de quelque vingt-deux ans qui avait maigri jusqu’à devenir un vrai squelette, à cause d’un succube qui le tourmentait. »
« Depuis plusieurs mois, au moment d’aller au lit, le Démon lui apparaissait sous l’aspect d’une jeune fille extraordinairement belle, ressemblant à celle qu’il aimait. »
« En apercevant cette figure, il poussa un cri, et alors elle le pria de se taire, l’assurant qu’elle était vraiment cette jeune fille et que, parce que sa mère la battait, elle avait fui de sa maison, accourant à celle de son aimé. »
« Il savait qu’elle n’était pas sa Thérèse, mais quelque lutin ; néanmoins, après un peu de conversation et quelques étreintes, il la prit avec lui dans son lit. »
« Plus tard la figure lui dit qu’en effet elle n’était pas la jeune fille, mais un Démon qui l’aimait, l’un de ses mois-diables, et qui, pour cette raison, s’unissait à lui jour et nuit. »
« Cela dura plusieurs mois, jusqu’à ce que Dieu finît par le libérer, par l’intermédiaire de Brognoli, et il fit pénitence pour ses péchés. »
À travers ce récit insolite, l’autocopulation avec un Moi-Diable qui avait pris la forme de la femme aimée s’avère parfaitement claire et manifeste.
Il est indiscutable que ce jeune homme à l’imagination ardente et à l’épouvantable luxure avait utilisé inconsciemment la faculté idéoplastique pour donner une forme subtile à son adorée.
Ainsi vint à l’existence un Moi succube, un Démon passionnel aux cheveux longs et aux idées courtes.
Il est évident qu’à l’intérieur de ce Diable féminin se trouvait embouteillée une bonne partie de sa conscience.
Paracelse dit à ce sujet dans son œuvre « De origine morborum invisibilium, Lit. III » :
« Les incubes et succubes sont formés du sperme de ceux qui effectuent l’acte anti-naturel imaginaire de la masturbation (en pensées ou en désirs). »
« Or donc, cela procède seulement de l’imagination, ce n’est pas un sperme authentique (matériel) mais un sel corrompu. »
« Seul le Semen qui procède d’un organe indiqué par la nature pour son développement peut germer et devenir un corps. »
« Lorsque le sperme ne provient pas de la matière appropriée (substrat nourricier), il ne produira rien de bon, mais générera plutôt quelque chose d’inutile. »
« Pour cette raison, les incubes et succubes, qui procèdent du Semen corrompu, sont nuisibles et inutiles selon l’ordre naturel des choses. »
« Ces germes, formés dans l’imagination, sont nés d’Amorheress c’est-à-dire d’une sorte d’amour dans lequel un homme imagine une femme, ou l’inverse, pour réaliser la copulation avec l’image créée dans la sphère de sa pensée. »
« De cet acte résulte l’évacuation d’un inutile fluide éthérique, incapable d’engendrer une créature, mais à même de mettre au monde des larves. »
« Une telle imagination est la mère d’une exubérante impudicité qui, si elle est prolongée, peut rendre impuissant un homme et stérile une femme, puisque dans la fréquente pratique d’une telle imagination maladive on perd beaucoup de la véritable énergie créatrice. »
Les mois-larves de la lascivité sont de véritables entités pensantes autonomes à l’intérieur desquelles est prise, est enfermée, une bonne partie de la conscience.
Ces larves dont parle Paracelse ne sont pas autre chose que certaines formes cultivées de pensée qui doivent leur force et leur existence uniquement à l’imagination dénaturée.
Ce chapitre est tiré de Le Mystère de la Fleur d’Or (1971) de Samael Aun Weor.