Écrit par : Samael Aun Weor Catégorie : Enseignements Cosmiques d’un Lama
Mystique rose ineffable de la profonde vallée de l’Esprit… Mère immortelle de mon coeur ! Ecoute-moi ! Lumière de mes yeux, oriente, rose de mon jardin, l’horizon de ma vie, comme l’hébraïque Abigail prudente, comme l’aimable Ruth. Aie pitié de moi !
Vigoureuse « Huri » à la couleur vermeille, aux yeux bleus remplis d’amour, ma Mère très belle. Délicate et fraîche fleur du continent fécond de mon âme…
Jasmin embaumé de Jonia, cultivé dans un jardin où il y a les verdeurs de l’Erin (l’Irlande) sans les brumes de Calédonie. Par toi, j’appris à aimer, sans toi, je ne suis rien. Divine princesse Kundalini, adorable Serpent. Tu m’enseignas le secret de l’abîme.
Et je descendis au monde souterrain, enquêtant, fouillant, cherchant. Sans toi, Mère Adorable ! je n’aurais même pas pu trouver cette porte du mystère où Dante trouva écrites ces paroles terribles.
« Par moi, on va à l’éternelle douleur ; par moi, on va à la race condamnée ; la justice anima mon sublime architecte ; la divine puissance me fit la suprême sagesse et le premier amour. Avant moi, rien ne fut créé, à l’exception de l’immortel, et je dure
éternellement. Ô, vous qui entrez, abandonnez toute espérance ! »
Je connus le couloir des oisifs et le passage de l’Achéron et je naviguai dans la barque de Charon jusqu’à l’autre rive. Je suis entré par les portes maudites de la cité de Dité ; je connais les fossés profonds qui ceignent cette terre désolée.
Malheur à celui qui succombe face aux épouvantables horreurs des trois furies. Et je vis de nombreux colosses tombés involuant dans le royaume minéral submergé. Et je vis des muses ; autrefois vermeil, leur teint devenait pâle et sinistre.
Je trouvai le glorieux tombeau et les bacchantes accourant, comme toujours, pour décorer de leurs roucoulements. Les bacaris se flétrissent sur les fronts bronzés des lubriques silènes abyssaux, et des lierres de thyrse florissants et secs sont comme des foins épuisés. Les insolents consuls de Rome qui, insoumis, assistent à l’inhumation car leur orgueil énervant ne dompte pas encore le joug immortel de l’évangile.
Viennent sur leurs traces, les luxurieuses courtisanes du Latium, les poètes bohèmes et dégénérés, les doctes gens hypocrites et pervers, les porcs matérialistes ennemis de l’Eternel.
Et dans l’éclat de sa faucille que l’inexorable Parque brandit contre le misérable mortel, présage dont ils ne voient pas le passage sublime ; ils ne comprennent pas la voix qui leur parle de spiritualité. Voyez là-bas la célèbre impératrice Sémiramis essayant
d’étancher la soif de sa luxure !
Regardez ! plus loin, il y a Capanée l’orgueilleux ancien de Crête, l’un des 7 rois qui demeurèrent à Thèbes ; il déprécia Dieu et semble continuer à le déprécier. Et ils poursuivirent en une procession inépuisable. « Neo » qui vengea la mort de la belle Déjanire et donna même sa vie pour elle ; le centaure Chiron qui éduqua Achille et l’irascible « Folo ».
O ! Combien de délits ! Mon Dieu ! Quand achèvera-t-on de les énumérer ? Dans quel livre pourraient-ils tenir ? Fleuve noir de l’humanité involuant dans le temps, tombant vers l’arrière, vers le passé.
Cher lecteur, Dieu veuille déverser sur ton chemin le suave parfum du lys et que tu épures le nectar cristallin du plaisir honnête, libre de peines. Ne descends pas, mon fils, parce que l’échelle de la descente compte sept échelons au bout desquels se trouve le
cycle de la terrible nécessité. Redevenir bête, plante et pierre dans les mondes infernaux… est, certes, plus amer que la bile.
Souvenez-vous des cruelles harpies qui précipitèrent les Troyens des Strophades ; Dante les vit tourmenter les plantes humaines dans l’Averne, les faisant saigner de leurs exécrables griffes. Je veux que tu saches que dans le noyau même de la Terre où se
trouve l’abominable trône de Dité, j’ai vu des créatures fossilisées se réduire en poussière cosmique.
Spectacle horrible, inoubliable et dantesque ; prostituées, femmes de mauvaise vie forniquant sur des couches immondes ; hétaïres, dévoyées, catins, se désintégrant lentement, perdant peu à peu bras, doigt, jambes, etc. La seconde mort est effrayante, terrifiante.
L’Ego et ses corps lunaires se désintègrent très lentement dans le Tartare, répugnante souffrance pour les âmes perdues.
« Que vienne Méduse, et nous la convertirons en pierre ! » s’exclament les trois furies ; « Nous avons mal fait de ne pas nous venger de l’entrée audacieuse de Thésée ». En méditation profonde, je vis deux âmes perdues sortant de l’Averne après la seconde mort. Elles n’avaient heureusement plus d’Ego ni de corps lunaires mais leurs tuniques sacrées étaient tachées de la boue de la terre. Les malheureuses créatures pleuraient au souvenir de leur douloureux voyage sous l’écorce terrestre.
A l’heure qu’il est, elles vivent à nouveau en tant que gnomes, jouant, allègres, sous le tendre regard de notre seigneur le Soleil. Dans quelqu’éternité future, elles rentreront aux paradis élémentaux des plantes. Dans un futur très lointain, elles pourront avoir la joie de se réincorporer à des organismes animaux, pour voler sous forme d’aigles, ou marcher par les bois profonds de la nature, ou nager sous la forme de poissons dans les profonds abîmes des eaux.
Ces âmes reconquerront ostensiblement après de nombreux billions ou trillions d’années l’état humain qu’elles perdirent autrefois. Et si, par malheur, elles retombaient ? Aïe ! Aïe ! Aïe ! Comme le cycle de la terrible nécessité est douloureux.
Venez, vous qui savez le verbe, plein de gracieuse majesté et brio qui, tel Gongora hier, orne Darius, purifie Icaza et subtilise Nervo. Viens et tu verras des torrents cachés, ésotériques, de foi profonde et de virile intrépidité, latents dans les rochers, dans les airs, dans les eaux et dans le feu ! Malheur à vous, animaux intellectuels qui peuplez la surface de la Terre ! Pauvres âmes à conscience égoïque vêtus d’habits lunaires ! Votre implacable soif forge, en vain, de folles attaques, insultant le ciel : vous n’avez pas encore conquis l’immortalité ; l’involution submergée vous attend dans les mondes infernaux.
Je vais maintenant vous raconter, à âme ouverte, une expérience mystique transcendantale : écoutez-moi, je vous prie.
La nuit champêtre me blesse de sa chaste beauté, de toute sa splendeur « de motivo en principio » (essentiellement évidente, NdT). Nous, un groupe de frères gnostiques, nous prenant par les mains, fîmes une chaîne magique dans la cour de la maison. Nous
priâmes beaucoup. Oui ! Et ensuite nous fîmes une invocation à l’Ange Anaël, l’ange de l’amour. Au-dessus des murs sévères, bercées par la brise, les limpides ramures riaient délicieusement, et la gracile fraîcheur de leur rire égrenait l’argent du ruisseau couronné de dentelles. Une voix claire et douce troubla mes sens. Etait-ce la voix d’une sirène ou la berceuse de la mer ? Regardez, regardez, regardez ! L’Ange Anaël arrive ! Oui, Oui, avons-nous tous répondu.
Nos yeux se posèrent, attentifs, sur quelques blanches colombes qui volaient joyeusement au-dessus de notre demeure. Je me rappelle encore l’oiseau d’argent et de feu, si pur, si tendre, si doux. Lui, était le guide.
Anaël ! Anaël ! Anaël ! nous sommes-nous tous exclamés.
La nuit était douce et paisible, ténue et odorante. Elle avait un goût de roses. Après tant de cris d’allégresse vint une pause. Nous attendions… nous soupirions… ces oiseaux disparurent dans le mystère, et, ensuite trois coups scandés et rythmés résonnèrent
solennellement à la porte de la maison ; j’ouvris moi-même, précipitamment…
Ils sont là, ce sont eux ! Ils sont arrivés ! s’exclamèrent tous les frères du groupe. Nous sortîmes tous pour recevoir le groupe de très beaux enfants célestes terriblement divins. Ils portaient des fleurs dans leurs mains et, en leur présence, on se sentait revivre son
enfance. Ils me donnèrent envie de jouer.
Nous pûmes vérifier que ces très belles créatures venaient vêtues de l’habit de noces de l’âme (les corps solaires). Dans les âmes de ces anges si purs, nous ne trouvâmes rien qui, sous une forme ou une autre, aurait ressemblé au Moi de la psychologie. Seul l’Etre resplendissait en ces enfants. Ces dieux saints aiment intensément la pauvre humanité dolente, c’est évident.
Il est ostensible que dans un lointain passé, ces vénérables travaillèrent dans la Forge des Cyclopes. Leurs corps glorieux les rendent immortels dans tous les départements du royaume. Il n’est pas difficile de deviner qu’ils éliminèrent radicalement les corps
lunaires. Je me prosternai humblement aux pieds d’Anaël, l’Ange de l’amour. J’avais besoin de le consulter à propos de quelque chose. Sa réponse me laissa pleinement satisfait. Bien des années sont passées et je continue à méditer. Impossible d’oublier tout
ceci. Aujourd’hui, avec l’air d’un moinillon en cellule, je recherche dans les rances chroniques, j’écris pour que d’autres lisent.
Nous, les frères de ce groupe, nous rappelons encore la présence de ces êtres ineffables, de leur voix enchanteresse, de leur port majestueux. La lumière pure de l’esprit nous touchait les tempes tandis que des épées nous blessaient, splendeurs se transformant en
de sombres lumières, des pas de danse : quiétude sculptée et timide violence de l’air dans les chevelures, nuages, trésors,
allégresse.
Des vagues de lumière, très claires, vides, qui brûlaient notre soif comme du verre nous enfonçant sans voix, feu pur en longs tourbillons résonnants. Je reviens à ma solitude, je réfléchis et médite.
D’où a surgi cette création multiforme ? Qui en connaît le secret ? Qui l’a révélé ? Même les Dieux, ces divines créatures angéliques, vinrent à l’existence plus tard… Contemplant l’éternité…
Avant que ne soient jetés les ciments de la terre… Tu étais. « Et quand la flamme souterraine rompra sa prison et dévorera la forme, Tu seras encore, comme Tu étais avant, sans souffrir aucun changement quand le temps n’existera plus ».
Avant que ne se lève l’aurore du Mahamvantara. La forme Une d’existence sans limite, infinie, sans cause, s’étendait seule en sommeil, sans rêverie, et la vie palpitait, inconsciente, dans l’Espace Abstrait Absolu, dans toute l’extension de cette omniprésence que perçoit l’oeil ouvert de Dagma. « Dieu ne meurt jamais ! » disent les bardes chevelus couronnés de lauriers.
Nous chantons les crépuscules des dieux… La mort de l’éternel est très relative… Levons le calice et prions…
Quand vient la Nuit Cosmique, l’Armée de la Voix se submerge au sein de l’espace profond, absolu, inconditionné… Il est ostensible qu’alors, elle cesse d’exister dans l’Univers.
Quand frise l’aurore du Grand Jour, la Grande Voix ressurgit et l’Esprit de Dieu se meut à la surface des eaux.
Ce chapitre est tiré des Enseignements Cosmiques d’un Lama (1970) de Samael Aun Weor.