Écrit par : Samael Aun Weor Catégorie : Fondamentaux de l’Éducation Gnostique
Il est urgent, il est indispensable de développer la compréhension créatrice, car elle apporte à l’être humain la véritable liberté de vivre. Sans la compréhension il est impossible d’obtenir l’authentique faculté critique de l’analyse profonde.
Les professeurs des écoles, collèges et universités doivent conduire leurs étudiants sur le chemin de la compréhension autocritique.
Dans le chapitre précédent nous avons étudié amplement les processus de l’envie et si nous voulons en finir avec tous les aspects et nuances de la jalousie, qu’elle soit religieuse, passionnelle ou autre, nous devons prendre pleinement conscience de ce qu’est réellement l’envie, car nous ne pourrons en finir avec tous les types de jalousie que lorsque nous aurons compris à fond et de façon intime la diversité infinie des processus de l’envie.
La jalousie détruit les mariages, la jalousie détruit les amitiés, la jalousie provoque des guerres religieuses, des haines fratricides, des assassinats et des souffrances de toute sorte.
L’envie, avec ses nuances infinies, se cache derrière les buts les plus sublimes. Il y a de l’envie chez celui qui, ayant pris connaissance de l’existence de grands saints, mahatmas et gourous, désire aussi devenir un saint. Il y a de l’envie chez le philanthrope qui s’efforce de surpasser en générosité d’autres philanthropes. Il existe de l’envie chez tout individu qui convoite des vertus parce qu’il a reçu des informations, parce qu’il y a dans son esprit des renseignements sur l’existence de saints individus pleins de vertus.
Le désir d’être saint, le désir d’être vertueux, le désir d’être grand a pour fondement l’envie.
Les saints ont causé, avec leurs vertus, beaucoup de dommage. Il nous vient en mémoire le cas d’un homme qui se considérait lui-même très saint.
Un jour, un poète affamé et misérable frappa à sa porte pour déposer entre les mains du saint de notre récit une jolie poésie qui lui était spécialement dédiée. Le poète n’espérait qu’une pièce de monnaie afin d’acheter quelque nourriture pour son corps épuisé et usé.
Le poète s’attendait à tout sauf à une insulte. Quelle ne fut pas sa surprise lorsque le saint homme, avec un pieux regard et les sourcils froncés, referma la porte en disant à l’infortuné poète : « Hors d’ici, mon ami, hors d’ici, va-t’en, ces choses ne me plaisent pas, je déteste la flatterie, les vanités du monde me répugnent, cette vie est illusion, je suis le sentier de l’humilité et de la modestie. » Le malheureux poète qui ne désirait qu’une petite pièce de monnaie, reçut, au lieu, les insultes du saint, des paroles qui le blessèrent, le giflèrent ; le cœur tout meurtri et son poème en morceaux, il s’en fut par les rues de la ville lentement, très lentement.
La nouvelle génération doit s’élever sur la base de la compréhension authentique car celle-ci est totalement créatrice.
La mémoire et la mémorisation ne sont pas créatrices ; la mémoire est le sépulcre du passé. La mémoire et la remémoration sont la mort.
La compréhension véritable est le facteur psychologique de la libération totale.
Les souvenirs de la mémoire ne pourront jamais nous apporter la véritable libération parce qu’ils appartiennent au passé et que par conséquent ils sont morts.
La compréhension n’est pas une chose du passé ni non plus du futur. La compréhension appartient au moment que nous sommes en train de vivre, ici et maintenant. La mémoire entraîne toujours l’idée du futur.
C’est important d’étudier la science, la philosophie, l’art et la religion, mais on ne doit pas confier ses études à la fidélité de la mémoire car celle-ci n’est pas fidèle.
Il est absurde de déposer nos connaissances dans le sépulcre de la mémoire. Il est stupide d’ensevelir dans la fosse du passé les connaissances que nous devons comprendre.
Jamais nous ne voudrions nous prononcer contre l’étude, contre la sagesse, contre la science, mais il s’avère incongru de déposer les joyaux vivants de la connaissance dans le cercueil corrompu de la mémoire.
Aujourd’hui, c’est nécessaire d’étudier, d’investiguer, d’analyser, mais nous devons aussi méditer profondément pour comprendre dans tous les niveaux du mental.
L’homme vraiment simple est profondément compréhensif et il a un mental simple.
L’important dans la vie ce n’est pas ce que nous avons accumulé dans le sépulcre de la mémoire, mais plutôt ce que nous avons compris, non seulement au niveau intellectuel mais aussi dans les différentes régions subconscientes et inconscientes du mental.
La science, le savoir, doivent se transformer en compréhension immédiate. Lorsque la connaissance, lorsque l’étude sont devenues authentique compréhension créatrice, nous pouvons alors comprendre toutes choses instantanément, car la compréhension devient immédiate, instantanée.
Dans le mental de l’homme simple, les complications n’existent pas, car toute complication mentale est due à la mémoire. Le Moi machiavélique que nous portons en nous, c’est de la mémoire accumulée.
Les expériences de la vie doivent se transformer en compréhension véritable.
Quand les expériences ne sont pas converties en compréhension, quand les expériences continuent dans la mémoire, elles constituent la pourriture du sépulcre sur lequel brûle le feu follet luciférien de l’intellect animal.
Il est nécessaire de savoir que l’intellect animal, entièrement dépourvu de toute spiritualité, n’est que la verbalisation de la mémoire, la chandelle sépulcrale brûlant sur la faïence funéraire.
Le mental de l’homme simple est libre de toute expérience, parce que ses expériences sont devenues conscience, se sont transformées en compréhension créatrice.
La mort et la vie se trouvent étroitement associées. C’est seulement quand le grain meurt que la plante naît, c’est seulement quand l’expérience meurt que naît la compréhension. Ceci est un processus de transformation authentique.
L’homme compliqué a la mémoire remplie d’expériences.
Cela démontre son manque de compréhension créatrice car lorsqu’elles sont entièrement comprises dans tous les niveaux du mental, les expériences cessent d’exister en tant qu’expériences et naissent en tant que compréhension.
Il faut nécessairement commencer par expérimenter, mais nous ne devons pas rester sur le terrain de l’expérience parce qu’alors le mental devient compliqué et retors. Il est nécessaire de vivre sa vie intensément et de transformer toutes les expériences en authentique compréhension créatrice.
Ceux qui supposent que pour être compréhensifs, simples et purs, nous devons quitter le monde, nous convertir en mendiants, ont un mental extrêmement compliqué et retors.
Se retirer du monde et vivre comme des anachorètes est inutile si la mémoire reste pleine d’expériences qui conditionnent le libre flux de la pensée.
Il est inutile de vivre comme des ermites en essayant de mener une vie de saint si la mémoire est bourrée d’informations qui n’ont pas été dûment comprises, qui ne sont pas devenues conscience dans les divers corridors, recoins et régions inconscientes du mental.
Ceux qui transforment les informations intellectuelles en véritable compréhension créatrice, ceux qui transforment les expériences de la vie en véritable compréhension profonde, n’ont rien dans la mémoire, ils vivent d’instant en instant dans un état de plénitude, ils sont devenus simples et purs même s’ils vivent dans de somptueuses résidences et dans le cadre de la vie urbaine.
Les petits enfants avant l’âge de six ans sont imprégnés de simplicité, d’innocence, ils dégagent une véritable beauté intérieure due au fait qu’à travers eux ne s’exprime que l’Essence vivante, en l’absence totale du Moi psychologique.
Nous devons reconquérir l’enfance perdue, dans notre cœur et dans notre tête. Nous devons reconquérir l’innocence si nous voulons vraiment être heureux.
Les expériences et l’étude transformées en compréhension profonde ne laissent pas de résidus dans le sépulcre de la mémoire et nous devenons alors simples, purs, innocents, heureux.
La méditation profonde sur les expériences et les connaissances acquises, l’autocritique intégrale, la psychanalyse intime, convertissent, transforment tout en compréhension créatrice.
Voilà le chemin du bonheur authentique né de la sagesse et de l’amour.
Ce chapitre est extrait de Fondamentaux de l’Éducation Gnostique (1970) de Samael Aun Weor.