Écrit par : Samael Aun Weor Catégorie : Fondamentaux de l’Éducation Gnostique
L’ambition a diverses causes et l’une d’elles est ce que l’on nomme la peur.
L’humble garçon qui dans les parcs des opulentes villes cire les chaussures de messieurs orgueilleux, pourrait se transformer en voleur s’il arrivait à ressentir la peur de la pauvreté, la peur de lui-même, la peur de l’avenir.
La petite couturière qui travaille humblement dans le fastueux magasin du riche commerçant, pourrait devenir voleuse ou prostituée du soir au matin, si elle en venait à ressentir la peur du futur, la peur de la vie, la peur de la vieillesse, la peur d’elle-même.
L’élégant employé du restaurant de luxe ou du grand hôtel pourrait devenir un gangster, un voleur de banque, ou un filou très subtil, si par malheur il en arrivait à ressentir la peur de lui-même, de son humble position d’employé subalterne, la peur de son propre devenir.
Le vermisseau insignifiant ambitionne un mieux être. Le pauvre employé de magasin qui attend la clientèle et qui nous montre avec patience les cravates, les chemises, les souliers, en faisant beaucoup de révérences et en souriant avec une feinte mansuétude, ambitionne quelque chose de plus car il a peur, beaucoup peur, peur de la misère, peur du sombre avenir, peur de la vieillesse.
L’ambition a beaucoup de facettes. L’ambition a une face de saint et une face de diable, un visage d’homme et un visage de femme, un visage intéressé et un visage désintéressé, un visage de vertueux et un visage de pécheur.
Il y a de l’ambition chez celui qui veut se marier et chez ce vieux célibataire endurci qui abhorre le mariage.
Il y a de l’ambition chez celui qui désire éperdument « être quelqu’un », être regardé, grimper au sommet ; il existe de l’ambition chez celui qui se fait anachorète, qui ne désire rien qui appartienne à ce monde, car son unique ambition c’est d’atteindre le Ciel, de se libérer.
Il existe des ambitions terrestres et des ambitions spirituelles. L’ambition revêt parfois le masque du désintéressement et du sacrifice.
Celui qui n’ambitionne pas ce monde vil et misérable ambitionne l’autre monde, et celui qui n’ambitionne pas d’argent, ambitionne des pouvoirs psychiques.
Le Moi, le Moi-même, le Soi-même, adore cacher l’ambition, la dissimuler dans les replis les plus secrets du mental, et ensuite il dit : « Je n’ambitionne rien », « J’aime mes semblables », « Je travaille de façon désintéressée pour le bien de tous les êtres humains. »
Le politicien rusé et bien connu de tous étonne parfois les foules avec ses œuvres apparemment désintéressées, mais lorsqu’il abandonne son emploi, il n’est pas rare de le voir quitter son pays avec quelques millions de dollars.
L’ambition déguisée sous le masque du désintéressement trompe souvent les gens les plus astucieux.
Il y a dans le monde beaucoup de gens qui ambitionnent seulement de ne pas être ambitieux.
Nombreux sont les gens qui renoncent à toutes les pompes et vanités du monde parce qu’ils n’ambitionnent que leur propre « autoperfection » intime.
Le pénitent qui marche sur les genoux jusqu’au temple et qui se flagelle, plein de foi, n’ambitionne apparemment rien et il s’offre même le luxe de donner, sans rien enlever à personne, mais il est clair qu’il ambitionne le miracle, la guérison, la santé, pour lui-même ou pour un proche, ou bien le salut éternel.
Nous admirons les hommes et les femmes vraiment religieux, mais plaignons-nous de ce qu’ils n’aiment pas leur religion de façon totalement désintéressée.
Les saintes religions, les sublimes sectes, ordres, sociétés spirituelles, etc., méritent notre amour désintéressé.
Il est très rare de rencontrer dans ce monde une personne qui aime sa religion, son école, sa secte, de façon désintéressée, et cela est déplorable.
Tout le monde est rempli d’ambitions. Hitler s’est lancé dans la guerre par ambition.
Toutes les guerres ont leur origine dans la peur et dans l’ambition. Les problèmes les plus graves de la vie ont leur origine dans l’ambition.
Tout le monde vit en lutte contre tout le monde à cause de l’ambition, les uns contre les autres et tous contre tous.
Dans la vie, chaque personne ambitionne d’être quelque chose, et les gens d’un certain âge, les maîtres, les parents, les tuteurs, stimulent les enfants et les jeunes à suivre l’affreux chemin de l’ambition.
Les adultes disent aux petits qu’ils doivent être quelque chose dans la vie, devenir riches, se marier avec une personne millionnaire, être puissants, etc.
Les vieilles générations, horribles, laides, révolues, veulent que les nouvelles générations soient également ambitieuses, laides et horribles comme elles le sont.
Le plus grave de tout cela c’est que ces jeunes qui grandissent se laissent gouverner et se laissent conduire sur ce chemin funeste de l’ambition.
Les maîtres doivent enseigner à leurs élèves qu’aucun travail honorable ne mérite le mépris ; il est absurde de regarder avec mépris le chauffeur de taxi, l’employé de magasin, le campagnard, le cireur de chaussures, etc.
Tout travail humble est beau. Le travail le plus humble est nécessaire dans la vie sociale.
Nous ne naissons pas tous pour être ingénieurs, gouverneurs, présidents, docteurs, avocats.
Dans le conglomérat social, on a besoin de toutes les occupations, de tous les métiers, un travail honorable ne peut jamais être méprisable.
Dans la vie pratique, chaque être humain sert pour quelque chose, et l’important c’est de savoir à quoi chacun sert.
C’est le devoir des maîtres de découvrir la vocation de chaque étudiant et de l’orienter dans ce sens.
Celui qui travaille selon sa vocation travaillera avec un véritable amour et sans ambition.
L’amour doit remplacer l’ambition. La vocation, c’est ce qui nous plaît réellement, cette profession, cette fonction que nous accomplissons avec joie parce qu’elle nous est agréable et que nous l’aimons.
Malheureusement, dans la vie moderne les gens travaillent à contrecœur et par ambition parce qu’ils exercent des métiers qui ne coïncident pas avec leur vocation.
Lorsqu’on travaille dans ce qu’on aime, dans sa vocation véritable, on le fait avec amour parce qu’on aime sa vocation, parce que nos aptitudes correspondent exactement aux exigences de notre vocation.
C’est précisément le travail des maîtres de savoir orienter leurs élèves, de découvrir leurs aptitudes, de les orienter sur le chemin de leur authentique vocation.
Ce chapitre est extrait de Fondamentaux de l’Éducation Gnostique (1970) de Samael Aun Weor.