Écrit par : Samael Aun Weor Catégorie : Fondamentaux de l’Éducation Gnostique
L’un des plus grands désirs de la psychologie, c’est de parvenir à l’intégration totale.
Si le Moi était individuel, le problème de l’intégration psychologique serait résolu avec une suprême facilité mais, pour le malheur du monde, le Moi existe à l’intérieur de chaque personne de façon pluralisée.
Le Moi pluralisé est la cause fondamentale de toutes nos contradictions intimes.
Si nous pouvions nous voir tout entiers dans un miroir tels que nous sommes psychologiquement, avec toutes nos contradictions intimes, nous arriverions à la pénible conclusion que nous n’avons pas encore de véritable individualité.
L’organisme humain est une merveilleuse machine contrôlée par le Moi pluralisé qui est étudié à fond par la Psychologie Révolutionnaire.
Je vais lire le journal, dit le Moi intellectuel ; je veux assister à la fête, dit le Moi émotionnel ; au diable la fête grogne le Moi du mouvement, je vais plutôt me promener ; je ne veux pas marcher, crie le Moi de l’instinct de conservation, j’ai faim et je vais manger, etc.
Chacun de ces petits Moi qui constituent l’Ego veut commander, être le maître, le seigneur.
À la lumière de la Psychologie Révolutionnaire, nous pouvons comprendre que le Moi est une légion et que l’organisme est une machine.
Les petits Moi se chicanent entre eux, se battent pour la suprématie, chacun veut être le chef, le maître, le seigneur.
Ceci explique le lamentable état de désintégration psychologique dans lequel vit le pauvre animal intellectuel improprement appelé homme.
Il est nécessaire de comprendre ce que la psychologie entend par le mot désintégration. Se désintégrer c’est se diviser, se disperser, se déchirer, se contredire, etc.
La principale cause de désintégration psychologique est l’envie, qui se manifeste souvent sous des formes extrêmement subtiles et raffinées.
L’envie a de multiples facettes et il existe des milliers de raisons susceptibles de la justifier. L’envie est le ressort de toute la machinerie sociale. Les imbéciles adorent justifier l’envie.
Le riche envie le riche et veut être plus riche. Les pauvres envient les riches et veulent être riches aussi. L’écrivain envie l’écrivain et veut écrire mieux que lui. Celui qui a beaucoup d’expérience envie celui qui a plus d’expérience, et il désire en acquérir encore plus que celui-ci.
Les gens ne se contentent pas du pain, des vêtements, du refuge. Le ressort secret de l’envie envers l’automobile d’autrui, la maison ou le vêtement du voisin, la grande fortune de l’ami ou de l’ennemi, engendre le désir de devenir le meilleur, de surenchérir, d’acquérir toujours plus de choses, de costumes, d’habits, de vertus, pour ne pas être moins que les autres.
Le plus tragique dans tout cela c’est que le processus d’accumulation de vertus, d’expériences, de choses, d’argent, renforce le Moi pluralisé, intensifiant alors au-dedans de nous-mêmes les contradictions intimes, les épouvantables déchirements, les cruelles batailles dans notre contrée intérieure.
Rien de tout cela ne peut donc apporter de joie véritable au cœur affligé ; cela ne produit qu’une plus grande cruauté dans notre psychisme, un accroissement de la douleur, un mécontentement toujours plus profond.
Le Moi pluralisé trouve toujours des justifications, même pour les pires crimes, et ce processus qui consiste à envier, acquérir, accumuler, obtenir, quand bien même ce serait au prix du travail d’autrui, on l’appelle évolution, progrès, avancement.
Les gens ont la conscience endormie et ne se rendent pas compte qu’ils sont envieux, cruels, cupides, jaloux, et s’il arrive, pour quelque motif que ce soit, qu’ils s’en rendent compte, ils se justifient alors, condamnent, cherchent des échappatoires, mais ne comprennent pas.
L’envie est difficile à découvrir à cause du fait concret que le mental humain est envieux. La structure du mental est basée sur l’envie et l’acquisition.
L’envie commence dès les bancs de l’école : nous envions la meilleure intelligence de nos condisciples, leurs meilleures qualifications, leurs plus beaux habits, leurs plus beaux souliers, leur meilleure bicyclette, leurs beaux patins, leur jolie balle.
Les professeurs appelés à former la personnalité des étudiants doivent comprendre ce que sont les processus infiniment variés de l’envie et établir dans le psychisme de ces étudiants les fondations adéquates pour la compréhension.
Le mental, envieux par nature, ne pense qu’en fonction de : « Je peux expliquer cela encore mieux, j’ai plus de connaissances, je suis plus intelligent, j’ai plus de qualités, plus de vertus, plus de perfections, plus d’évolution, plus de sanctification, etc. »
Tout le fonctionnement du mental est fondé sur le plus ; le plus est l’intime et secret ressort de l’envie.
Le plus, c’est le processus comparatif du mental. Tout processus comparatif est abominable. Exemple : Je suis plus intelligent que toi. Un tel est plus vertueux que toi. Tel autre est meilleur que toi, plus sage, plus bienveillant, plus généreux.
Le plus crée le temps, le Moi pluralisé a besoin de temps pour être meilleur que le voisin, pour démontrer à la famille qu’il est très génial et pour parvenir à être quelqu’un dans la vie, pour démontrer à ses ennemis, ou à ceux qu’il envie, qu’il est plus intelligent, plus capable, plus puissant, plus fort, etc.
Le mode de pensée comparatif est fondé sur l’envie et engendre ce qu’on appelle mécontentement, inquiétude, amertume.
Les gens vont, malheureusement, d’un opposé à l’autre, d’un extrême à l’autre, ils ne savent pas emprunter le chemin du centre. Beaucoup luttent contre le mécontentement, l’envie, la convoitise, la jalousie, mais la lutte contre le mécontentement n’apportera jamais le véritable contentement du cœur.
Il est urgent de comprendre que la véritable joie du cœur tranquille ne peut être achetée ni vendue, elle naît en nous de façon tout à fait naturelle et spontanée, uniquement quand nous avons compris à fond les causes mêmes du mécontentement : jalousie, envie, convoitise, etc.
Ceux qui veulent obtenir de l’argent, une magnifique position sociale, des vertus, des satisfactions de toute sorte, dans le but d’atteindre le véritable contentement, sont totalement dans l’erreur parce que cela est basé sur l’envie, et que le chemin de l’envie ne pourra jamais nous conduire au port du cœur tranquille et content.
Le mental embouteillé dans le Moi pluralisé fait de l’envie une vertu et s’offre même le luxe de lui apposer des noms délicieux : progrès, évolution spirituelle, aspiration à se surpasser, lutte pour se rendre plus digne.
Mais tout ceci n’engendre que désintégration, contradictions intimes, luttes secrètes, problèmes à la solution difficile, etc.
Il est difficile de trouver dans la vie quelqu’un qui soit vraiment intègre dans le sens le plus complet du mot.
L’intégration totale s’avère totalement impossible à obtenir tant qu’existe au-dedans de nous-mêmes le Moi pluralisé.
Il est urgent de comprendre qu’à l’intérieur de chaque personne il y a trois facteurs de base : la personnalité, le Moi pluralisé, le matériau psychique, c’est-à-dire l’Essence même de la personne.
Le Moi pluralisé gaspille stupidement le matériau psychologique en explosions atomiques d’envie, de jalousie, de convoitise, etc. Il est nécessaire de dissoudre le Moi pluralisé dans le but d’augmenter notre matériau psychique pour établir à l’intérieur de nous un centre permanent de conscience.
Ceux qui ne possèdent pas de centre permanent de conscience ne peuvent être complets.
Seul le centre permanent de conscience nous confère une véritable individualité.
Seul le centre permanent de conscience nous rend complets.
Ce chapitre est extrait de Fondamentaux de l’Éducation Gnostique (1970) de Samael Aun Weor.