Écrit par: Samael Aun Weor | Catégorie: La Magie des Runes |
Énée, l’insigne Troyen, escalade d’un pas olympique et solennel l’auguste montagne d’Apollon, dont la cime majestueuse abrite l’antre mystérieuse de la pythonisse.
Près du temple, le bois sacré du troisième aspect de la Mère divine Kundalini, la forêt ineffable d’Hécate, de Proserpine, de Coatlicue. Un sanctuaire hermétiquement scellé par cent portes ; un vestibule glorieux où Dédale, l’habile sculpteur, grava avec une maîtrise extraordinaire des reliefs merveilleux.
On dit qu’Icare, dont l’I.A.O. fut ciselé par son père dans la roche sacrée de ce mystérieux vestibule, voulut monter au ciel et se convertir en Fils du soleil ; mais ses ailes de cire fondirent et il tomba dans l’horrible précipice.
C’est un symbole merveilleux : vaine tentative de ceux qui ne savent pas travailler avec le Fiat lumineux et spermatique du premier instant, disgrâce et chute des alchimistes qui répandent la matière première du Grand-Œuvre.
N’est-ce pas le même Dédale, le fameux sculpteur auteur de l’Icare, qui montra à Thésée comment s’échapper du labyrinthe inextricable de Crète ?
Horrible couloir au centre duquel se trouvait toujours le fameux Minotaure, mi-homme, mi-bête ; intellect compliqué emprisonné dans le moi-même.
Ce n’est qu’en éliminant la bête intérieure que nous pouvons nous rendre vraiment libres. Ce n’est qu’en dissolvant l’ego animal que nous parviendrons à l’autoréalisation intime.
« Ce n’est pas le moment d’admirer des œuvres d’art, s’exclame la prêtresse. Bientôt Apollon viendra, semblable à un vent d’ouragan. »
Et l’illustre Troyen sacrifie alors cent agneaux noirs en l’honneur de Proserpine, le troisième aspect manifesté de l’éternelle Mère-Espace, la reine des enfers et de la mort.
Dès que la sibylle prononce ses paroles, ô mon Dieu !, un épouvantable tremblement de terre secoue les entrailles de la terre et la prêtresse s’exclame, transfigurée :
« Apollon !, voici Apollon ! Ah !, Énée écoute-moi, prie ! Les portes de cette antre ne s’ouvriront pas tant que tu ne l’auras fait ! »
La légende des siècles raconte qu’en entendant ces paroles vénérables, cet homme remarquable fit monter vers Apollon ses supplications ardentes.
La voix transfigurée par l’extase, la vestale parla à l’insigne guerrier, l’informant qu’il parviendrait à poser le pied sur les côtes d’Italie et qu’il s’établirait à Lavinia. Elle lui prédit qu’un second Achille, aussi fort que le premier, lui déclarerait la guerre.
Elle lui dit qu’il coulait du sang dans les fleuves latins, tout comme dans le Xanthe et le Simoïs de Troie, mais elle lui dit aussi de ne pas se décourager ni céder devant l’adversité, et qu’à la fin il sera sauvé grâce à l’aide d’une ville Grecque.
« Ainsi le sanctuaire de Cumes répand sur la montagne sa sainte horreur ; dans les profondeurs du temple, la terre hurle et la vérité se déguise en ténèbres. » (Demonius est Deus Inversus.)
Énée implore la sibylle, il la supplie, il pleure, il la prie de le laisser entrer au pays des morts, il veut descendre dans la demeure de Pluton et dit :
« Par ici, on peut descendre à la demeure des défunts. Ne pourrais-tu pas m’accompagner pour visiter mon père ? Pense au fait qu’il fut mon compagnon dans la fuite. Je le portai sur mes épaules pour fuir les ruines fumantes de Troie, et c’est lui-même qui me mène ici et qui me prie de te demander cette grâce. Dis-moi, est-ce trop demander ? Si Orphée y descendit armé seulement de sa lyre harmonieuse, si Thésée y descendit ainsi qu’Hercule, alors pourquoi ne pourrais-je y aller, moi qui suis petit-fils de Jupiter ? » (Énée était un initié.)
Bien sûr, il est facile de descendre à l’Averne pour travailler dans la neuvième sphère et dissoudre le Moi, mais il est épouvantablement difficile d’en revenir. C’est là le dur travail !, c’est là l’épreuve difficile !
Proserpine, la reine des enfers et de la mort, est assurément très capricieuse, et elle exige toujours de ceux qui vont la visiter qu’ils lui donnent en présent la pousse dorée, la branche d’or de l’arbre de la connaissance, avec une semence abondante.
Heureux celui qui trouve l’arbre magique, qui n’est certes pas très loin, vu qu’il s’agit de notre épine dorsale elle-même ; à celui-là, on ouvrira les portes de Pluton.
Quiconque veut monter doit d’abord descendre, c’est la loi. L’initiation est à la fois mort et naissance.
Vous qui lisez ces lignes:
« Laissez les morts enterrer leurs morts et suivez-moi. » – Mathieu 8:22
« Celui qui veut venir à ma suite, qu’il se renie lui-même, qu’il prenne sa croix et qu’il me suive. » – Marc 8:34
Se renier soi-même signifie dissoudre le moi, mourir moment après moment, réduire le moi-même en poussière d’instant en instant.
Mettre sur nos épaules la croix pesante du Maître est une chose profondément significative. Le bâton vertical de ce symbole sacré est masculin, et la perche horizontale est féminine ; le croisement sexuel de ces deux pôles renferme la clé de la seconde naissance.
Suivre le Seigneur de seconde en seconde implique se sacrifier pour l’humanité, être disposés à donner jusqu’à la dernière goutte de notre sang pour nos semblables, à nous immoler sur l’autel sacré de l’amour suprême pour tous nos frères du monde.
Et maintenant, dieux et hommes, écoutez-moi ! La sibylle et Énée pénétrèrent dans le sein de la terre par la grotte effrayante.
Je me fais témoin du Génie de la terre pour affirmer solennellement qu’avant de pénétrer dans l’Averne, on passe par l’Orcus (les limbes), qui est en soi un vestibule. C’est là que demeurent la maladie, la faim, conseillère horrible et perverse, la misère, les vaines réjouissances, la guerre, les furies, la discorde avec sa chevelure de vipères, la douleur et le sommeil de la conscience.
Énée y vit les rêves stupides des gens, il y vit des créatures horribles comme Briarée, le géant aux cent bras ; l’hydre de Lerne qu’Hercule tua avec maestria en lui coupant ses multiples têtes ; la Chimère des gens, monstre à tête de chèvre ; les Gorgones, les Harpies (sorcières), etc.
À partir de l’Orcus, une route mystérieuse conduit aux âmes perdues, au Tartare (les mondes infernaux).
Énée et la sibylle, assis dans la barque de Charon, naviguèrent sur les eaux de l’Achéron et parvinrent à l’autre rive.
Dans l’Averne, Énée rencontra Cerbère, le démon de la luxure, Minos, l’inexorable juge, et il vit le ruisseau lugubre serpenter neuf fois dans la neuvième sphère, ainsi que les eaux terribles du Styx.
Dans l’Averne, le pieux Énée rencontra Didon, la reine qui l’avait aimé, et il put également serrer son défunt père dans ses bras.
Ce chapitre est tiré de La Magie des Runes (1969) de Samaël Aun Weor.