Écrit par: Samael Aun Weor | Catégorie: La Magie des Runes |
Alors qu’Énée, l’épique paladin troyen, approchait du riche palais du roi Hélénos, il eut l’étonnement et l’agréable surprise de voir avec admiration cette femme nommée Andromaque, celle qui fut l’épouse d’Hector, le Troyen qui mourut glorieusement dans la bataille au pied des murs glorieux de Troie.
Énée rendit grâces aux dieux saints (aux anges, archanges, principes, puissances, vertus, dominations, trônes, chérubins et séraphins du christianisme), il remercia du fond du cœur ces êtres ineffables d’avoir libéré cette femme en empêchant les Achéens de l’emmener captive à Mycènes.
Noble femme qui est à présent l’épouse d’Hélénos, le roi divin, le splendide monarque qui offrit aux Troyens une hospitalité généreuse dans son palais royal.
Énée la trouva dans une forêt sacrée ; elle avait avec elle, dans une magnifique urne d’or, les cendres chéries d’Hector, son ancien époux.
« Est-ce réellement toi, Énée, que je vois ? Es-tu vivant, ou bien est-ce une apparition ? Grands dieux !, et si tu vis, dis-moi : Pourquoi mon Hector ne vit-il plus ? »
C’est ainsi que s’exclama la noble femme, puis elle s’évanouit.
La malheureuse avait été captive du terrible Pyrrhos, guerrier rusé et méchant, assassin du vieux Priam.
Heureusement, le sort de l’infortunée changea radicalement lorsque Pyrrhos mourut des mains du terrible Oreste ; elle épousa alors le bon roi Hélénos.
Les vieilles traditions racontent que le troisième jour, Hélénos emmena Énée à une caverne solitaire pour consulter la volonté d’Apollon.
La plus importante de ses prédictions consista à lui dire qu’il était encore loin de parvenir au terme de son voyage et de s’installer définitivement sur la terre qui fut autrefois l’antique Hespérie. On lui annonça qu’il devait aller consulter la sibylle de Cumes, cette divine prophétesse qui écrivait ses vers magiques sur les feuilles d’un arbre volumineux qui se trouvait à côté de sa grotte.
La légende des siècles raconte que de temps en temps, un vent violent arrachait les vertes feuilles prophétiques et que les vers se mêlaient et voltigeaient d’une façon extraordinaire pour former des phrases inintelligibles pour les profanes, ce qui fait qu’un bon nombre de ceux qui venaient consulter la sibylle ressortaient en la maudissant.
Il est hors de tout doute que nous pouvons et devons affirmer avec insistance que seuls les hommes à la conscience éveillée pouvaient comprendre les phrases étranges et les énigmes mystérieuses de la sibylle de Cumes.
Hélénos prédit également à Énée qu’il naviguerait près de Scylla et de Charybde, qu’il passerait près de la terre des cyclopes, mais il lui conseilla de s’abstenir d’entrer en Italie par les côtes méridionales, peuplées à cette époque de Grecs terribles. Enfin, le bon roi Hélénos conseilla à Énée, l’illustre paladin troyen, de s’assurer de se gagner l’amour de la déesse Junon en lui offrant de pieux sacrifices ; cette divinité s’était en effet toujours montrée l’ennemie des Troyens.
Le vent gonfle les blanches voiles sous la lumière de la pleine lune, l’aviron lutte contre le doux marbre, Palinure consulte les étoiles et les navires s’éloignent des domaines seigneuriaux du roi latin tandis qu’Andromaque pleure le départ des Troyens.
Hélénos, roi illuminé, prophète d’Apollon, vous avez offert aux Troyens une hospitalité royale, magnifique, et par la suite, rempli d’amour, vous avez interrogé le dieu du feu, préoccupé par votre ami Énée.
Hélénos, ce fut vous, dieux du ciel !, qui conseillâtes à cet homme troyen si illustre de visiter la sibylle de Cumes.
En commençant cette partie du présent chapitre, je me rappelle toutes ces prêtresses d’Eritrée, d’Endor, etc. Partout où l’on trouvait l’une de ces saintes sibylles, il y avait aussi à coup sûr un mystère, qu’il soit delphique, bacchique, kabirique, dactyle ou éleusien.
Les dieux et les hommes sages ne pourront jamais oublier l’immense importance que revêtaient les mystères dans les temps antiques ; c’est à eux que des villes comme Saïs, Memphis et Thèbes, dans l’ancienne Égypte des pharaons, durent toute leur réputation et leur si grande renommée.
Au-delà de la nuit des siècles, les initiés se rappellent toujours de Mithra, que ce soit chez les Parsis, à Éleusis, à Samothrace, à Lemnos, à Éphèse, etc., ou encore chez les Grecs.
Chez les druides gaulois, les collèges initiatiques de Bibractis et d’Alexis étaient formidables.
Les mystères d’Héliopolis, ceux de Tara en Irlande, etc., étaient ineffables et indescriptibles par leur beauté et leur splendeur.
Au dire de Pline, les druides, prêtres des celtes, pratiquaient la magie et les mystères dans leurs grottes, ce que constatèrent également César et Pomponius Mela.
Les austères et sublimes Hiérophantes druides, couronnés de chêne, se réunissaient solennellement sous la pâle lumière de la lune pour célébrer leurs mystères majeurs, particulièrement lors de la pâque du printemps, alors que la vie ressuscite, pleine de vigueur et de gloire.
Les collèges initiatiques se fermèrent en Orient à cause de la barbarie militaire d’Alexandre, et en Occident, sous la violence romaine.
La ville de Côte-d’Or, voisine de Sainte-Reine, fut assurément le tombeau de l’initiation druidique : tous les Maîtres et sibylles y furent vilement égorgés par les hordes sanguinaires de Rome, sans aucune considération. Le même sort fatal et douloureux frappa Bibractis, l’émule glorieuse de Memphis, puis vinrent ensuite, dans l’ordre du nombre de victimes, Athènes et Rome, dont le collège druidique comptait quelque 40 000 élèves d’astrologie, de sciences occultes, de philosophie, de médecine, de jurisprudence, d’architecture, de littérature, de grammaire, etc.
Le Mysterium latin correspond au teleuthai grec, dont on retrouve la racine originale dans le mot teleutan, mort.
La mort du corps physique est une chose vaine ; l’important, c’est la destruction totale du moi-même.
L’illumination des sibylles de Cumes, la splendeur des prêtresses d’Eritrée, l’extase d’un Mahatma, tout cela s’adresse à des gens qui ont vraiment passé par la grande mort.
L’éveil de la conscience, le changement radical et absolu, s’avèrent impossibles sans la mort du moi pluralisé. C’est seulement en mourant qu’advient le nouveau. Le sentier de la vie est formé des traces de sabot du cheval de la mort.
Ce chapitre est tiré de La Magie des Runes (1969) de Samaël Aun Weor.