Écrit par: Samael Aun Weor | Catégorie: La Magie des Runes |
Parlons maintenant des trois Furies aux nombreux venins de Gorgones, qui sont toujours entourées d’hydres verdâtres et qui ont pour chevelure de petits serpents et cérastes qui ceignent leurs horribles tempes.
Écoutez tous : sachez une fois pour toutes que ces Furies sont les trois traîtres d’Hiram-Abif.
Celle de gauche est Mégère, toujours épouvantable et horrible. Celle qui pleure, à sa droite, est Alecto ; elle cache dans son cœur la discorde, les fraudes qui produisent le désordre et les méchancetés qui bousculent la paix. Celle de droite est Tisiphoné.
Les Furies se déchirent la poitrine de leurs serres répugnantes, elles se frappent toujours avec les mains et s’exclament avec force : « Viens, Méduse, et nous te transformerons en pierre ; nous avons eu tort de ne pas nous venger de l’entrée audacieuse de Thésée. »
Rappelez-vous Mara, mes frères gnostiques, le seigneur des cinq désirs, facteur de mort et ennemi de la vérité. Qui est-ce qui l’accompagnait toujours ? N’était-ce pas ses trois filles, les horribles Furies ? N’était-ce pas ces tentatrices qui assaillirent le Bouddha avec toutes leurs légions ténébreuses ?
En effet, serait-il possible que Judas, Pilate et Caïphe soient absents du drame cosmique ? Dans le neuvième cercle de l’enfer, Dante rencontre Judas, Brutus et Cassius.
Judas a la tête enfoncée dans la bouche de Lucifer et il agite ses jambes hors de celle-ci. Celui qui pend de la deuxième bouche luciférienne, la tête en bas, c’est Brutus, qui se tord sans dire un mot. Le troisième traître est Cassius ; il a l’air très robuste, mais au fond il est très faible.
Les trois aspects de Judas, les trois Furies, sont le démon du désir, le démon du mental et le démon de la mauvaise volonté ; trois upadhis, trois bases, trois fondements lunaires à l’intérieur de chaque être humain.
Pensons aux trois présences du gardien du seuil à l’intérieur de chaque personne.
L’Apocalypse dit :
« Et je vis sortir de la bouche du dragon, de la bouche de la Bête et de la bouche du faux prophète, trois esprits immondes qui ressemblaient à des grenouilles. Car ce sont des esprits de démons qui font des signes et qui vont de par le monde chez tous les rois de la terre pour les réunir dans la bataille de ce grand jour du Dieu tout-puissant. » – Apocalypse 16:13-14
Et qui est ce dragon ? Qui est cette Bête ? Qui est ce faux prophète ? Dites-moi, ô dieux !, où sont-ils ?
Si nous comprenons que Mara, Lucifer, est la force fohatique aveugle de l’abominable organe Kundartigateur, le feu sexuel négatif, père des trois Furies, alors nous ne pouvons pas nous tromper.
Ce vil ver de terre qui transperce le cœur du monde est la racine du moi pluralisé, le fondement des trois Furies.
Lucifer-Mara, le tentateur, avec toute cette légion de mois-diables que chaque mortel porte à l’intérieur de lui, est l’origine des trois douleurs : la vieillesse, la maladie et la mort.
Ah !, si l’aspect négatif de la déesse Junon n’était pas intervenu dans le Latium en invoquant Alecto, la plus exécrable des Furies, alors le mariage d’Énée, l’illustre Troyen, et de la fille du bon roi Latinus n’aurait pas été précédé d’une guerre épouvantable.
« Lève-toi, jeune fille de la nuit !, dit Junon. Assiste-moi et ne permets pas que mon honneur soit lésé par la volonté d’un mortel ! Latinus veut donner sa fille au Troyen. Toi qui peux monter deux frères l’un contre l’autre et le fils contre le père, toi qui peux déchaîner les coups de la colère et allumer les torches funèbres, surgis de l’abîme ! Montre-toi docile à ma volonté ! Enflamme la jeunesse du Latium pour qu’elle réclame les armes à cor et à cri et qu’elle se précipite à la mort ! »
Ah !, mon Dieu, quel malheur ! L’épouvantable Furie du mental se présente alors dans les habitations royales de la reine Amata pour lui suggérer des idées de protestation et de rébellion contre la volonté du roi Latinus.
Sous l’influence perfide d’Alecto, la reine désespérée sort du palais, court par les montagnes italiques, danse et saute comme une bacchante, semblable à une ménade furieuse animée comme une folle par l’élan de Bacchus.
Indignée, la souveraine proteste devant le monarque, elle refuse de faire la volonté du seigneur et elle prend la défense de Turnus, jeune prétendant grec de sa fille, fils de ce peuple qui assaillit autrefois les murs glorieux de Troie.
La reine craint qu’Énée ne fuie avec sa fille loin du Latium ; elle ressent de la douleur à l’idée de la perdre, elle pleure.
Le travail d’Alecto ne s’arrête pas là : elle se transporte à présent jusqu’à la demeure du vaillant Turnus, elle prend la forme d’une vieille à la langue de vipère et elle parle, elle lui raconte tout ce qui est en train de se passer au palais du roi et elle éveille d’une manière insinuante et maléfique la jalousie du jeune homme.
Puis vient la guerre : le jeune homme se bat pour sa dame, la belle Lavinia, la jolie fille du bon roi Latinus.
Le monarque ne voulait pas la guerre, et ce ne fut pas lui qui ouvrit en personne les portes du temple de Janus (I.A.O.), le dieu à deux visages ; c’est son peuple irrité qui les ouvrit pour lui.
Dans ce temple de Janus, on conservait en secret la doctrine de Saturne, la révélation primitive et originelle des Jinas, et on ne l’ouvrait qu’en temps de guerre.
C’est ainsi que la guerre se déclencha contre les Rutules. Après avoir terminé son travail, la répugnante Furie Alecto pénétra dans les entrailles de l’abîme épouvantable par la bouche d’un volcan éteint qui laissait échapper de temps à autre les vapeurs fétides de la mort, et elle parvint bientôt au rivage sinistre qui borde les eaux du Cocyte.
Turnus, ce nouvel Achille, mourut des mains d’Énée, et ce dernier épousa finalement Lavinia, la fille du roi Latinus.
Quoi qu’il en soit, ô mon Dieu ! Alecto continue comme toujours à allumer n’importe où des foyers de discorde, et des millions d’êtres humains se lancent en guerre.
Ah !, si seulement les gens comprenaient que chacun porte Alecto à l’intérieur de lui-même.
Malheureusement, les créatures humaines dorment profondément, elles ne comprennent rien. Hélas !
Ce chapitre est tiré de La Magie des Runes (1969) de Samaël Aun Weor.