Écrit par: Samael Aun Weor | Catégorie: La Magie des Runes |
L’information intellectuelle n’est pas l’expérience vécue. L’érudition n’est pas l’expérimentation. Un essai, une preuve, une démonstration exclusivement tridimensionnelle n’est pas unitotale, intégrale.
Il doit exister une faculté supérieure au mental, indépendante de l’intellect, qui soit capable de nous donner la connaissance et l’expérience directe sur n’importe quel phénomène.
Les opinions, les concepts, les théories, les hypothèses n’équivalent pas à la vérification, à l’expérimentation, à la pleine conscience de tel ou tel phénomène.
Ce n’est qu’en nous libérant du mental que nous pouvons expérimenter vraiment ce qu’il y a de réel, ce qui se trouve à l’état potentiel derrière tout phénomène.
Le mental existe dans tout : les sept cosmos, le monde, les lunes, les soleils, ne sont rien d’autre que de la substance mentale cristallisée, condensée.
Le mental est aussi une forme de matière, bien que plus raréfiée. La substance mentale existe dans les règnes minéral, végétal, animal et humain.
L’unique différence qui existe entre l’animal intellectuel et la bête irrationnelle est ce qu’on appelle l’intellect. Le bipède humain a donné au mental une forme intellectuelle.
Le monde n’est rien de plus qu’une forme mentale illusoire qui se dissoudra inévitablement à la fin du grand jour cosmique.
Ma personne, ton corps, mes amis, les objets, ma famille, etc., représentent dans le fond ce que les Hindoustans appellent maya (l’illusion) : des formes mentales vaines qui doivent tôt ou tard être réduites en poussière cosmique.
Mes sentiments, les êtres les plus chers qui m’entourent, etc., ne sont que de simples formes du mental cosmique, ils n’ont pas d’existence réelle.
Le dualisme intellectuel, comme par exemple le plaisir et la douleur, les louanges et les reproches, le triomphe et la défaite, la richesse et la misère, constitue le douloureux mécanisme du mental.
Il ne peut pas y avoir de bonheur véritable à l’intérieur de nous tant que nous sommes esclaves du mental.
Il est urgent de monter l’âne (le mental) pour entrer dans la Jérusalem céleste le Dimanche des rameaux. Malheureusement, de nos jours, c’est l’âne qui nous monte, nous les misérables mortels dans la terre boueuse.
Personne ne peut connaître la vérité tant qu’il est esclave du mental. Le réel n’est pas une affaire de suppositions, mais bien d’expérience directe.
Le grand Kabire Jésus a dit : « Connaissez la vérité et elle vous rendra libres. » Je vous dis cependant que la vérité n’est pas une question d’affirmer ou de nier, de croire ou de douter : il faut l’expérimenter directement en l’absence du moi, au-delà du mental.
Celui qui se libère de l’intellect peut expérimenter, vivre, sentir un élément qui transforme radicalement.
Lorsque nous nous libérons du mental, celui-ci devient alors un véhicule ductile, élastique, utile, à travers lequel nous nous exprimons.
La logique supérieure nous invite à penser que le fait de se libérer, de s’émanciper du mental, de se dégager de toute notre mécanicité, équivaut en fait à éveiller sa conscience, à en finir avec l’automatisme.
Ce qui est au-delà du mental, c’est Brahma, l’éternel espace incréé, cela qui n’a pas de nom, le réel.
Mais allons droit au but : qui est-ce ou qu’est-ce qui doit se dégager, se libérer du mental mortifiant ?
La réponse à cette question est évidente : c’est la conscience, le principe bouddhique intérieur, ce qu’il y a d’âme en nous, voilà ce qui peut et doit se libérer.
Le mental ne sert qu’à nous rendre l’existence amère. Le bonheur authentique, légitime, réel, n’est possible que lorsque nous nous émancipons de l’intellect.
Nous devons toutefois reconnaître qu’il existe un inconvénient, un obstacle majeur, un empêchement à cette libération tant désirée de l’Essence : je veux faire allusion à la terrible bataille des antithèses.
Malheureusement, l’Essence, la conscience, bien qu’elle soit de nature bouddhique, vit emprisonnée dans le spectaculaire dualisme intellectif des opposés : le oui et le non, le bon et le mauvais, le haut et le bas, le mien et le tien, ce que j’aime et ce que je n’aime pas, le plaisir et la douleur, etc.
Il s’avère tout à fait brillant de comprendre à fond que lorsque la tempête cesse sur l’océan du mental et que la lutte des opposés prend fin, alors l’Essence s’échappe et s’immerge dans ce qui est le réel.
Ce qui est difficile, laborieux, ardu et pénible, c’est d’obtenir le silence mental absolu dans tous et chacun des quarante-neuf départements subconscients du mental.
Il n’est pas suffisant d’atteindre, d’obtenir la quiétude et le silence simplement au niveau superficiel de l’intellect ou dans quelques départements subconscients, car l’Essence continue alors d’être plongée dans le dualisme submergé, dans l’infraconscient et l’inconscient.
Mettre le mental en blanc est une chose passablement superficielle, vide et intellectuelle. Nous avons besoin d’une réflexion sereine si nous voulons véritablement obtenir la quiétude et le silence absolu du mental.
Le mot chinois Mo veut dire « silencieux, serein » ; Chao signifie « réfléchir, observer ». Mo-Chao peut donc se traduire par « réflexion sereine » ou « observation sereine ».
Il s’avère toutefois évident que dans le gnosticisme pur, les termes sérénité et réflexion ont des acceptions beaucoup plus profondes et qu’on doit par conséquent les comprendre selon leurs connotations spéciales.
Le sens de serein transcende ce que l’on entend normalement par calme ou tranquillité ; il implique un état superlatif qui fait partie du monde suprasensible, au-delà des raisonnements, des désirs, des contradictions et des mots ; il désigne une situation qui est hors de l’agitation mondaine.
De même, le sens du mot réflexion est au-delà de ce que l’on entend toujours comme étant la contemplation d’un problème ou d’une idée. Il ne s’agit pas ici d’activité mentale ou de pensée contemplative, mais plutôt d’un genre de conscience objective, claire et réfléchissante, toujours illuminée dans sa propre expérience.
C’est pourquoi le mot serein représente ici la sérénité du non penser, et réflexion signifie la conscience intense et claire.
La réflexion sereine est la conscience claire dans la tranquillité du non penser.
Lorsque règne la sérénité parfaite, on obtient la véritable illumination profonde.
Ce chapitre est tiré de La Magie des Runes (1969) de Samaël Aun Weor.